Note sur l’anonymat des Mutants

 

 

Certains lecteurs se sont émus de l’anonymat des Mutants, par aimable curiosité (" Qui êtes-vous donc ? ") ou par vilain réflexe (" D’où tu parles ").

Notre anonymat mérite une petite explication. La motivation n’est pas la peur d’une mauvaise réputation : il nous aurait suffi de choisir des pseudonymes, tout en préservant la réalité de nos diplômes ou de nos fonctions en guise de légitimité sociale.

L’absence de signature répond à trois principes.

Principe de différence - Dans un monde toujours plus transparent et fluide, l’anonymat impose une part de secret et de résistance. Il attire donc l’attention en mettant l’esprit en éveil, au cœur même de la surabondance des informations signées.

Principe de vigilance - Un texte non signé inspire une légitime méfiance aux primates sociaux et langagiers, habitués à mettre des visages ou des noms sur les mots. Il oblige donc le lecteur à user de son esprit critique, ce qui paraît fort sain.

Principe de pertinence - Les énoncés des Mutants recourent à la seule argumentation rationnelle, précisément référencée quand cela est nécessaire. Accord et désaccord peuvent donc s’exprimer sur le fond, c’est-à-dire sur l’adéquation du discours et de la réalité.

Le texte le plus influent de l’histoire humaine (la Bible) était anonyme. Il en ira de même pour ceux de l’évolution post-humaine.

 

Le Conseil Nocturne