Réponses
aux contre-vérités
et mensonges sur le clonage humain
Le clonage est aujourdhui dénoncé, vilipendé, criminalisé. La plupart des arguments avancés sont néanmoins des sophismes et des contre-vérités, voire des idioties pures et simples. En guise dexplication et de débat, nous avons droit aux menaces et aux cris des vierges humanistes effarouchées. Voici enfin des réponses simples, clairement argumentées et scientifiquement fondées, à lhystérie ambiante. La Mutation est en marche !
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1. Le clonage nest pas naturel
Cest faux. La reproduction des êtres à lidentique est au contraire très répandue dans lhistoire de la vie. Toutes les bactéries, un grand nombre de plantes, certains insectes et quelques reptiles se reproduisent depuis toujours par clonage. Par ailleurs, les vrais jumeaux humains sont aussi de vrais clones : leur génome nucléaire et leur génome mitochondrial est parfaitement identique. Non fondé sur les faits, largument de la naturalité du clonage est aussi idiot. La roue et lélectricité ne sont pas naturelles non plus : faut-il les interdire? Le préservatif et la pilule ne sont pas naturels : faut-il les interdire ? La fécondation in vitro et la péridurale ne sont pas naturelles : faut-il les interdire ? Lespèce humaine sest développée à travers ses artifices.
2. Le clonage est contraire à la volonté divine.
Cet argument dautorité découle bien sûr de la foi en dieu. On ne discute pas des goûts ni des couleurs : libre aux croyants de refuser le clonage ; libre aux agnostiques et aux athées dagir selon leur conscience. Droit de refuser, droit daccepter en un mot : droit de choisir. Défendre une position contraire, cest défendre la théocratie contre la démocratie, lobscurantisme contre la raison, lintolérance contre le libre-arbitre. Les démocraties sont capables daccepter une pluralité dopinion, car on y suppose que la morale, le mode de vie, les convictions découlent du consentement volontaire des individus, et non de lautorité de lEtat ou de la pression dune majorité. Une minorité ne peut être contrainte de modifier ses choix que sils mettent en péril les droits élémentaires de la majorité. Or, tel nest pas le cas dans le clonage.
3. Le clonage instrumentalise le vivant.
Lexpression est creuse. Mais elle est compliquée et on lutilise beaucoup pour cette raison : elle impressionne facilement un auditoire qui ne comprend pas très bien de quoi il retourne. En langage clair, instrumentaliser le vivant signifie utiliser ce qui est vivant pour une fin donnée. Lhomme le fait en permanence : mettre du pesticide dans son jardin, cultiver des plantes et élever du bétail pour se nourrir, absorber un antibiotique pour tuer une bactérie, prendre la pilule contraceptive pour contrarier lovulation, prendre la pilule abortive pour supprimer un uf, avorter un embryon ou un ftus non désiré, etc. Tout cela relève bel et bien de l instrumentalisation du vivant . Et alors ?
4. Le clonage nie la dignité humaine.
Le clonage est recherché par des êtres humains qui veulent se reproduire ou qui veulent reproduire un enfant disparu sans disposer dautres moyens pour cela. Est-il digne de leur refuser ce qui fait le sens de la vie pour beaucoup, à savoir répliquer son être à travers ses gènes ? En quoi un bébé en bonne santé reproduit par clonage serait-il plus indigne de vivre quun autre ? Par ailleurs, la notion de dignité humaine a toujours été relative. Les régimes totalitaires nont pas hésité à lutiliser à leur profit : les nazis parlaient de vies non dignes dêtre vécues , par exemple, pour supprimer de manière autoritaire les handicapés. Contre ces dérives inacceptables, chacun doit être son propre juge de la dignité de soi et de ses descendants. Et chacun doit assumer la responsabilité de ses actes.
5. Le clonage est réservé aux riches.
Comme 90 % des nouvelles technologies : hier, les premières voitures, les premières radios, les premières télévisions étaient réservées aux riches. Fallait-il les interdire ? Faut-il arrêter aujourdhui les recherches en biologie, médecine, astronomie, informatique, etc. sous le seul prétexte que les pauvres nont pas un accès immédiat à leurs retombées ? Largument des pauvres contre les riches est donc de nature démagogique, quand il ne cache pas une vision idéologique archaïque de la société. Qui plus est, le clonage est une question privée : il ne relève pas des dépenses publiques, dont on peut toujours discuter de manière démocratique la répartition.
6. Le clonage reproduit des individus potentiellement éliminés par la sélection naturelle.
Bien sûr : sans le clonage, certains individus stériles resteraient sans descendance. Mais il en va de même pour les deux tiers dentre nous : sans la médecine, nous serions morts avant davoir été capables de procréer. Eliminons pendant deux générations les antibiotiques, et la population mondiale ne manquerait pas de décroître rapidement ! Même si cette vérité est désagréable à entendre, il faut bien que reconnaître que la grande majorité des hommes modernes sont des animaux malades maintenus en vie par le progrès biotechnologique. Veut-on pour autant un retour au paléolithique et une espérance de vie moyenne de 25 ans ? Lhomme doit-il être le jouet impuissant de la sélection naturelle ou doit-il choisir souverainement son destin, selon sa propre volonté, cest-à-dire sa propre sélection ?
7. Le clonage fera du futur clone une bête curieuse .
Les seuls arguments valables concernant le clonage regardent en effet le clone lui-même. A défaut de consensus sur les bases dune improbable morale universelle , tout le monde considère au moins quil ne faut pas faire à autrui ce que lon aimerait pas quautrui nous fasse. La transformation du clone en bête curieuse relèverait dune opinion publique chauffée à blanc par les médias. La faute morale en incomberait non au clone ou à ses géniteurs, mais à certains journalistes en panne de soi-disant transparence . Sous prétexte de sensationnalisme, on gâche ainsi des vies qui ne demandent quà rester paisibles et privées. Un traitement rationnel de linformation considère lenfant clone comme nimporte quel autre enfant. Il en va de même pour le bon sens : cet enfant, qui sera peut-être votre voisin, sera impossible à distinguer dun autre. Par ailleurs, les hystéries médiatiques disparaissent aussi vite quelles sont apparues : parmi les moins de 30 ans, qui est capable de citer le nom du premier bébé éprouvette, lui aussi promis à un destin social funeste par certains médias de lépoque ?
8. Le clonage créera une instabilité psychologique majeure chez lenfant.
La stabilité psychologique dépend dun grand nombre de facteurs dont certains sont dorigine purement biologique : le bonheur de vivre ne se décrète pas, il se ressent souvent de manière innée. Des enfants ayant vécu des expériences traumatisantes (pédophilie, déportation, violence) sont parfaitement à laise à lâge adulte. Dautres, ayant vécu dans un environnement normal et protégé, deviennent au contraire des asociaux ou se trouvent mal dans leur peau. Etre né de deux parents biologiques classiques nest certainement pas une garantie de bonheur. Etre né de clonage nest pas non plus une malédiction assurée. Il est certain que les premiers enfants clones demanderont un suivi attentif de leur maturation psychologique, notamment de la capacité à comprendre et accepter leur naissance. A mesure que la technique sera banalisée, elle sera de moins en moins traumatisante : le clone naura pas le sentiment dune altérité radicale.
9. Le clonage produira des individus sans identité propre, des photocopies .
Absurde. Les vrais jumeaux ont exactement le même bagage génétique, plus encore que les clones (car leurs mitochondries, héritées de la mère, sont identiques, ce qui ne sera pas le cas des clones par rapport à leur géniteur). Or, tout le monde sait que les jumeaux vivent leur vie sans avoir limpression dêtre des photocopies. Ils possèdent pourtant une étonnante ressemblance, aussi bien physique que psychologique. Mais les gènes ne déterminent pas tout : chaque individu réagit à sa manière dans son environnement. Par ailleurs, les jumeaux souffrent très rarement de leur similitude. Ils témoignent au contraire dun sentiment très puissant daffection, de liens intimes. Rien ne dit que le clone néprouvera pas la même relation à légard de son géniteur.
10. Le clonage va devenir le seul mode de reproduction.
Cest déjà ce que lon pronostiquait pour les bébés éprouvette. En fait, la procréation médicalement assistée, dont le clonage reproductif est simplement une variante, représente une solution de dernier recours, pour ceux qui ne peuvent avoir denfants autrement. Le clonage de confort restera fort longtemps lexception. Limmense majorité des êtres humains continueront longtemps à utiliser la bonne vieille fécondation naturelle, qui a le mérite de joindre lutile à lagréable ! Si le clonage devenait un jour daccès plus facile, sil venait à se répandre, nous serions toujours confrontés à la même question fondamentale : au nom de quoi faudrait-il linterdire ? Quel serait limpératif absolu capable de simposer de manière autoritaire à tous les individus de la planète ? Qui pourrait décider arbitrairement au nom de lespèce humaine, contre lavis de certains membres de cette espèce humaine ?
11. Le clonage est une arme pour les dictateurs fous.
Il sagit là dun mauvais scénario de science-fiction. Les dictateurs (qui sont rarement fous) ont autre chose à faire que dinvestir dans un clonage de masse. Pour assujettir une population, il est inutile de recourir à une solution aussi coûteuse et aléatoire : le fait dêtre cloné nimprime pas lobéissance dans le cerveau ! Il est beaucoup plus simple dutiliser les moyens classiques de terreur et de propagande. Quand on y réfléchit bien, tout peut devenir une arme dans la main dun dictateur fou : cest le problème de la dictature, pas le problème du clonage. En réalité, cest la lutte contre le clonage qui offre aujourdhui le visage de la dictature universelle. Une poignée de fanatiques semblent prêts à imposer une loi universelle, planétaire, frappant les 6 milliards dhumains sans aucune considération pour la diversité de leurs convictions.
12. Le clonage est une technique encore incertaine et dangereuse.
Vrai. Comme le furent dans leurs premières années la vaccination, la greffe, la fécondation in vitro, la contraception, etc. Tout progrès biotechnologique repose sur une part dincertitude. Statistiquement, il y a toujours des ratés et des échecs dans nos expériences. Faut-il par exemple dresser la (longue) liste des médicaments retirés du marché pour effet secondaire imprévu et indésirable ? Contrairement à dautres biotechnologies, le clonage ne met pas en danger la vie dautrui : cest une affaire privée, qui concerne un couple et sa descendance. Il est en revanche absolument indispensable que les candidats au clonage soient parfaitement informés des risques de la technologie, pour eux et surtout pour leurs descendants. Néanmoins, ces risques sont minimisés par les progrès importants du monitoring prénatal : au moindre développement anormal des tissus ou des organes, il sera possible dinterrompre la grossesse.
13. Le clonage est la négation de la liberté.
Affirmer cela revient à supposer que lhomme est entièrement déterminé par ses gènes, de sorte que deux génomes identiques aboutiraient à deux destins identiques. Cest évidemment faux : notre milieu compte aussi dans la construction de notre personnalité. En fait, être libre signifie être capable de définir ce qui est bon pour soi (et ce qui est bon en soi). Les clones pourront le faire, ce qui nest pas le cas des handicapés mentaux, par exemple. Si le clone est génétiquement identique à son ascendant, il en différera par tout ce qui constitue notre conscience : la mémoire de soi, cest-à-dire les souvenirs de tout ce que nous avons vécu personnellement. Le clone aura donc bel et bien une individualité et une conscience, une liberté dacte et de pensée.
14. Le clonage va déstructurer la famille.
Le modèle familial nucléaire du XIXe siècle a déjà été largement dissout par lévolution des murs, au moins en Occident. On ne voit pas trop en quoi le clonage changerait la donne. Lidentification du père ou de la mère comme géniteur sera préservée, de même que la différence de génération. La relation triangulaire père-mère-enfant nest pas en elle-même une garantie de bonheur et de plénitude : combien denfants souffrent de parents qui ne sentendent pas et dont la vie quotidienne devient un enfer ? Par ailleurs, dans beaucoup de pays non-occidentaux, la relation triangulaire nest pas le modèle familial dominant : les rapports de parentés sont par exemple distribués de manière bien plus complexe chez les oncles et les tantes dun enfant, à égalité symbolique par rapport au père et à la mère. Dans ce domaine, il vaut mieux reconnaître que beaucoup de nos jugements sont très relatifs et cesser de croire quun seul modèle est le bon.
15. Le clonage transformera lenfant en banque dorganes
Non. Il sagit là dune confusion encore fréquente entre clonage thérapeutique et clonage reproductif. Le premier vise en effet à créer des tissus compatibles pour les greffes. Mais il est inutile de produire un enfant pour cela : il suffit de cultiver des cellules souches et de les différencier selon les besoins thérapeutiques. Ces cellules souches peuvent être obtenues par le clonage de cellules embryonnaires, doù une confusion avec le clonage reproductif. Mais on peut difficilement considérer quun embryon à létat de deux, quatre ou huit cellules indifférenciées constitue un être humain à part entière ! Par ailleurs, les scientifiques découvrent de plus en plus de cellules souches présentes dans le corps des adultes : à lavenir, il sera peut-être inutile de pratiquer le clonage thérapeutique des cellules embryonnaires.
16. Le clonage ne prend pas en compte lintérêt propre de lenfant
Le projet parental regarde les parents et eux seuls. Admettre le contraire, cest soumettre chaque individu au bon vouloir de la société ou de lEtat. Les parents naturels ne se reproduisent pas toujours en ayant seulement en tête les intérêts de leur future progéniture. Par exemple, beaucoup de couples qui ont perdu un enfant en fin de grossesse ou en bas âge tentent immédiatement den avoir un autre, dans une logique de remplacement . De même, certains ont des enfants en fonction de leurs convictions religieuses. Il est par ailleurs très difficile de parler au nom de lintérêt dun enfant à naître. En France, un procès retentissant a récemment conclu que le fait dêtre né handicapé pouvait donner lieu à des réparations. Interdire le clonage sous le prétexte que les médecins ou les parents sont responsables des éventuelles tares du clone ouvrirait un peu plus la boîte de Pandore : la moindre imperfection des fécondations naturelles pourrait susciter dinterminables procès en dommages moraux, et tout le monde serait sous la pression du zéro défaut .
17. Le clonage est une forme deugénisme.
Pas vraiment. On utilise ce mot pour faire peur. Leugénisme est la doctrine selon laquelle une population peut être améliorée par lélimination des tares ou lamélioration des qualités biologiques. Or, le clonage reproduit à lidentique, cest-à-dire quil transmet les qualités comme les tares. Il est donc neutre du point de vue sélectif. Par ailleurs, le clonage est un choix individuel et non un choix collectif. Il ne sagit pas dune politique autoritaire, où lEtat imposerait les critères de reproduction. Même lorsque les tests génétiques et la thérapie génique seront démocratisés, chacun devra être libre de décider ce qui est bon pour lui-même, et éventuellement pour sa descendance. Ce nest pas de leugénisme, mais de lautosélection consciente et volontaire.
18. Le clonage est condamné par lopinion publique.
Cest dautant plus vrai que cette opinion publique a été préalablement formatée dans un sens unique par les médias (cela sappelle le clonage mental). Les individus ne disposent pas dune information complète ni de vrais débats contradictoires. Aucun des arguments que vous êtes en train de lire na été vraiment exposé ni débattu dans la presse, à la radio ou à la télévision. Par ailleurs, les majorités ont-elles le droit dimposer leur vue aux minorités ? Dans ce cas, il faudrait soumettre toute réforme sociale ou toute nouvelle technologie au référendum. Malgré un climat très défavorable, 10 % des Français se sont déclarés favorables au clonage : cela représente tout de même un minimum de 4 millions de citoyens adultes dont on méprise lopinion ! Si lon avait posé une question non tendancieuse, ce chiffre serait sans doute à multiplier par deux ou trois.
19. Le clonage est un crime contre lhumanité.
Donner la vie nest pas un crime. Si lon pense aux risques de malformation du clone, il faut alors considérer que toutes les femmes donnant naissance consciemment à des individus atteints de tares physiques ou mentales commettent des crimes contre lhumanité. Par ailleurs, à force dutiliser le crime contre lhumanité à toutes les sauces, cette notion ne voudra plus dire grand chose. Il serait bon que certains commentateurs pèsent leurs mots avant de qualifier à tort ou à travers tout ce qui heurte leur conviction personnelle. La surenchère des qualificatifs est un phénomène déplorable ; quand il sagit de hurler avec les loups, et même den rajouter pour hurler un peu plus fort, cette pratique devient franchement odieuse.
20. Le clonage marchandise un peu plus la vie.
Ce nest pas un argument de fond, car on pourrait très bien proposer un service public de clonage, dans une logique non marchande. Le fait que cette technique de procréation soit coûteuse et que certains en tirent profit ne suffit pas à la condamner : la conception des médicaments est coûteuse, les laboratoires en tirent profit faut-il donc les interdire ?