Pour en finir avec l’imposture freudienne


La psychanalyse est la plus vaste supercherie intellectuelle des temps modernes : telle est la conclusion simple et sans appel de l’essai de Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens. Psychologue clinicien spécialisé en pédopsychiatrie, neuropédiatre au CHU de Toulouse, Jacques Bénesteau a peaufiné son réquisitoire : 400 pages serrées, 16 chapitres qui abordent chaque aspect du freudisme, 733 références dont un grand nombre sont inaccessibles au profane. La plupart des critiques de la psychanalyse sont en effet anglais ou américains - Ellenberger, Roazen, Sulloway, Grünbaum, Eysenck… - et bien peu ont été traduits, l’édition française étant réputée pour son travail de censure et de refoulement en ce domaine…

Dès l’origine, souligne Bénesteau, les théories psychanalytiques n’ont aucune validité scientifique. Si Freud rédige l’esquisse d’une psychologie scientifique en 1896 (elle sera ensuite soigneusement dissimulée), il abandonne rapidement cette voie. Dès lors, l’attirail conceptuel freudien – inconscient, complexes, pulsion-refoulement, ça-moi-surmoi, dimension pathologique des lapsus et actes manqués, traumatisme réel ou fantasmé de la sexualité infantile, etc. - est soit infalsifiable parce que métaphysique, soit contredit par les études empiriques. Les six cas principaux du Maître (Dora, les deux cures du petit Hans, l’homme aux loups, l’homme aux rats, le président Schreber) sont des échecs cliniques ou des délires patents. Rien, sinon quelques arguments d’autorité non recevables du potentat viennois, n’y démontre le caractère sexuel de l’étiologie des psychonévroses. Le matériau de l’Interprétation des rêves est pour l’essentiel une recollection subjective des rêves freudiens, en l’absence de toute analyse quantitative. Et tout le reste à l’avenant. Le livre de Jacques Bénesteau fourmille de détails parfois sordides sur ces sujets – on y découvre par exemple le destin tragique des premiers patients de la psychanalyse, que le Maître affirme triomphalement guéris alors que leur état de santé ne cesse de se détériorer.

Freud lui-même, puis sa vigilante fille, n’ont cessé de dissimuler ou de détruire les éléments susceptibles de ruiner les postulats psychanalytiques, forgés à partir des années 1890 en l’absence de toute expérience clinique. Ainsi, à la suite d’une censure sans autre équivalent dans le domaine de la connaissance, les archives freudiennes sont toujours soumises à embargo et soustraites du regard critique des chercheurs indépendants. Certaines ne seront disponibles qu’au milieu du XXIIe siècle ! Une partie de la correspondance freudienne a purement et simplement disparu, selon des procédés de "nettoyage" dignes des régimes totalitaires.

Fondée par un cocaïnomane autoritaire et superstitieux, la psychanalyse relève donc de la croyance (ce qui explique la dimension théologique, ecclésiale et pour tout dire sectaire de son organisation) ou de la littérature, pour ceux qui défendent son "tournant herméneutique". Ses succès thérapeutiques procèdent de simples suggestions chez des sujets ne souffrant pas de réelles pathologies mentales – dans le cas inverse, l’efficacité clinique de la psychanalyse est nulle ou très faible quand on la compare à des thérapies alternatives (chimiques, cognitives ou comportementales). La psychanalyse permet simplement à l’individu qui est réceptif à ses mythes (et qui est, soit dit en passant, généralement doté d’un bon QI et d’un solide compte en banque) de se construire un récit de vie sophistiqué, un noyau cognitif d’interprétation de ses doutes et de ses angoisses. Ce n’est déjà pas si mal, me direz-vous. Mais le confessionnal, la scientologie ou le raëlisme parviennent exactement aux mêmes résultats.

La popularité de la psychanalyse, qui a connu son apogée dans les années 1950-1960 avant d’amorcer un lent déclin, est due avant tout à son succès dans la classe médiatique et à son infiltration habile dans les cursus universitaires de psychologie. Alors que les productions psychanalytiques sont en chute libre aux Etats-Unis depuis 1970, la France se révèle (comme toujours) le dernier grand bastion du sectarisme freudien et de son rejeton pathologique lacanien.

L’autre soubassement du succès freudien est la répression de la sexualité dans les sociétés bourgeoises du XIXe et du XXe siècles. Mais loin de "libérer le sexe" (si ce n’est pour leur propre usage privé, la psychanalyse ayant très tôt permis la multiplication des partenaires à défaut de leur guérison), le médecin viennois et ses disciples n’ont fait qu’accentuer sa dimension pathologique en postulant un rapport universellement problématique de l’individu au désir et au plaisir. La vision freudienne de l’inconscient, c’est la conscience malheureuse qui entreprend de polluer même la couche la plus archaïque de la volonté de vivre.


Charles Kraus



Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens, Mardaga, 400 pages.