Ce bon Dr Mattéi…


Lois bio-éthiques ou lois bio-catholiques ?

 

Qui inspire au juste les lois de bio-éthique ? A travers l’exemple du député Jean-François Mattéi, les Mutants rappellent combien la République française reste la fille aînée de l’Eglise.

Du fait de sa carrière en génétique médicale, le Dr Mattéi est à la pointe de la législation française dans le domaine de la bio-éthique. Il est ainsi représentant de l’Assemblée nationale au Comité directeur de bioéthique et président du groupe d'études “ applications des biotechnologies en génétique et problèmes éthiques ”. Il est à l’origine de nombreux projets de loi et rapports parlementaires. Le Dr Mattéi a aussi joué un rôle prépondérant dans l’inspiration des lois de bio-éthique de 1994 et il est membre de la Commission spéciale chargée d’examiner le nouveau projet de loi de 2002

Par ailleurs, le Dr Jean-François Mattéi ne fait pas mystère de ses convictions religieuses. En décembre 2000, il a signé l’appel pour une laïcité ouverte, rassemblant les “ chrétiens attachés à la liberté de conscience et d’expression de chacun ”. Et il ne manque jamais une occasion de s’exprimer dans un cadre confessionnel, qu’il s’agisse de la revue Médecine de l’homme du Centre catholique des médecins français ou des colloques de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne. Le Dr Mattéi n’est certes pas le seul député engagé dans la foi : nous connaissons tous, par exemple, les bruyantes sorties de sa collègue en politique et religion, Mme Christine Boutin. Mme Boutin qui, par le plus grand des hasards, est d’ailleurs secrétaire de la Commission spéciale sur la loi de bio-éthique de 2002…

Fort naturellement, le Dr Mattéi transfère ses convictions métaphysiques dans ses choix parlementaires. Il considère que la morale est le fondement de la politique ; il parle sans cesse des “ interdits ” que l’homme ne devrait pas franchir ; il ne peut concevoir l’embryon comme un simple assemblage de cellules ; il ne peut accepter que les parents choisissent certaines caractéristiques de leur enfant à naître ; il est réticent à admettre l’allongement de la durée du délai légal de l’IVG ; il refuse d’étendre et de rembourser, pour les femmes de tous âges, le test prédictif de la trisomie 21 ; il ne veut pas entendre parler du clonage reproductif… Toutes ces prises de position sont admirablement cohérentes. Qui pourrait d’ailleurs lui en faire grief ?

Le problème est le suivant : les croyances religieuses de certains parlementaires chrétiens doivent-elles inspirer une loi coercitive s’imposant pour cinq ans à 60 millions de Français de toutes origines, religions et convictions ? Notre réponse est : non. Et cela pour une raison très simple, qui est au fondement de la laïcité : aucune morale particulière ne peut s’ériger en morale générale.

Nous proposons donc aux députés de méditer sur trois principes fondamentaux d’une bio-éthique libérée de tous les dogmes :

Tout individu a le droit de reconnaître et de respecter sa propre définition de la vie ;

Tout individu a le droit de reconnaître et de respecter sa propre définition de la dignité humaine ;

Tout couple a le droit d’agir sur l’embryon en fonction de ses convictions.

Ces énoncés simples et universels permettent de respecter véritablement toutes les opinions d’une société démocratique. Ceux qui dénoncent et combattent ces principes le font au nom d’une tournure d’esprit singulière, mais hélas très répandue : l’intolérance. Lors de la discussion et du vote des lois de bio-éthique, nous examinerons donc avec la plus grande attention les députés et sénateurs français ayant le courage de se dresser face aux manœuvres discrètes et efficaces du lobby catholique.


 

E-pétition des Mutants : Pour le libre choix de la procréation et pour l'autorisation du clonage reproductif